L’orangerie des Père Jésuites se trouvait en bas de l’allée de tilleuls qui conduisait de la porte d’entrée, rue Saint-André, à la demeure en haut de la colline. Jusqu’à la vente du domaine en 1763, elle avait abrité les orangers, citronniers et grenadiers du jardin pendant les mois d’hiver. Si sa date de construction n’est pas connue, elle semble postérieure à celle de la maison (ca. 1685) puisqu’elle n’apparaît pas sur les gravures de l’époque.
A ma connaissance, la première carte de Paris sur laquelle l’orangerie du Mont-Louis est représentée est celle de Delagrive (1728) mais je soupçonne la bâtisse d’être elle-aussi le produit des largesses du Roi (voir l’article sur la maison) et d’avoir donc été construite à l’initiative du Père de La Chaise, mort en 1709. La date de 1700, donnée dans le titre, est donc symbolique: la construction a pu se faire quelques années avant ou après.
Une fois de plus, le Procès verbal d’estimation de 1803 nous en offre une brève description qui, couplée aux illustrations qui suivent, permet de nous faire une idée relativement précise de son apparence:
L’orangerie […] était éclairée de huit grandes baies de croisées, garnies de leurs châssis vitrés, avec portes à deux ventaux.
L’étage en mansarde au dessus est distribué en dix-sept pièces, dont neuf avec cheminées, desservies par un corridor auquel on arrive par deux escaliers en charpente, le tout est couvert de tuiles.
Si l’on se fie au plan de 1813, l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart n’avait pas prévu de conserver le bâtiment mais sa mort le sauva de la démolition. On lui trouva alors deux usages successifs.
Il fut tout d’abord l’atelier d’un marbrier.
En 1824, si l’on en croit le plan dit de Giraldon-Bovinet, c’est un certain M Schwind qui y officie.
La marbrerie Schwind existe encore en 1836: J.B. Richard dans son Véritable conducteur aux cimetières trouve d’ailleurs la présence d’un seul et unique marbrier au sein même du cimetière contraire au principe de concurrence établi par l’article 8 du règlement du dit lieu. Il est à noter que Schwind réalisa entre autres le monument de Gouvion-Saint-Cyr (mort en 1830) sur les plans de David d’Angers, celui de la famille Barry ainsi que celui du Général Frère.
Entre 1837 et 1855, l’orangerie devint maison des gardes. C’est ainsi que le bâtiment est désigné par M.A. Henri dans son Père-Lachaise historique, monumental et biographique, paru en 1855. Malheureusement les sources manquent entre ces deux dates pour déterminer précisément l’année du changement d’affectation de la bâtisse.
La gravure suivante représente le bâtiment en 1877. Il ne déparerait pas le Hameau de la Reine à Trianon avec son escalier extérieur en bois, ses treillis et ses plantes grimpantes en façade (de la vigne, de la glycine?). Il se peut que l’artiste ait quelque peu enjolivé la réalité mais c’est à ma connaissance la seule représentation de l’arrière de bâtiment, vu depuis le chemin du Père Éternel.
Était-il en mauvais état? Nécessitait-il de coûteux travaux? Était-il devenu obsolète? Toujours est-il que le bâtiment des gardes fut détruit au printemps 1881 et les matériaux furent vendus par adjudication le 20 juin de la même année.
Plus rien ne subsiste de l’orangerie des Jésuites: le terrain fut immédiatement loti en 1881 comme en attestent les numéros de concessions inscrits au dos des tombes du secteur ainsi que le plan d’aménagement ci-dessous.
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