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Si le Mont-Louis est un domaine d’agrément au XVIIème siècle, c’est aussi un domaine campagnard extra muros qui nourrit jusqu’à sa mise en vente en 1763 une foule de personnes, propriétaires, hôtes de passage et employés. Pas étonnant donc que dans la partie basse du terrain, on trouve les communs du domaine, un ensemble de dépendances destinées à assurer cette fonction.
Certains des bâtiments que l’on trouve à l’entrée du domaine au tout début du XIXème siècle sont vraisemblablement contemporains de l’édification du château. Voici le détail des communs tels qu’ils sont décrits dans le Procès-verbal d’estimation du Mont-Louis de 1803:
La principale entrée, en tour creuse, par la rue Saint-André, est fermée d’une porte cochère à deux ventaux, à grands cadres avec guichet, le tout est serré convenablement.
La chaussée de la première cour en face de cette entrée est pavée.
Une autre porte à deux ventaux donne entrée de cette première cour dans une basse-cour attenante.
Le corps de logis à gauche de la première cour, a trois berceaux de caves avec descente en pierre. Son rez-de-chaussée et composé d’une pièce à l’usage de cuisine, aux dépens de laquelle sont pris un petit vestibule et un escalier montant à une chambre à cheminée, au premier étage, avec alcôve et cabinet. Une autre pièce à rez-de-chaussée, une étables à vaches en retour, une écurie, un escalier, et trois remises, grand grenier sur le tout, séparé en deux et couvert de tuiles.
Du côté opposé est un toit à porc et un poulailler.
En retour, une serre, un fournil, une laiterie et une pièce à cheminée servant de logement de jardinier. Deux autres petites chambres à cheminées au-dessous, le tout couvert de tuiles.
Un puits.

Emplacement des divers bâtiments en 1803
Je ne suis pas sûre que vous vous soyez imaginé une ferme au Père-Lachaise…
En 1828, dans la 3ème édition du Manuel et itinéraire du curieux dans le Cimetière du Père La Chaise, Marchant de Beaumont fait une description bien peu flatteuse de ces bâtiments, visiblement en mauvais état 25 ans après l’achat du domaine par la commune de Paris : « …les bâtiments de l’intérieur présentaient un aspect hideux par leur vétusté, par leur irrégularité, par leur délabrement. »
Voici le détail des bâtiments:
La porte cochère
Elle perdit une partie de son utilité quand le portail monumental fut construit par l’architecte Godde en 1820-22.
On l’aperçoit sur quelques gravures cependant, en marge du sujet principal.

Détail d’une gravure d’Antoine-Patrice Guyot, 1er quart du XIXème siècle

La porte cochère en 1837 (à droite) – extrait d’une gravure Un enterrement au cimetière du Père-Lachaise
Elle ne se trouvait pas à l’emplacement du portail actuel mais, en toute logique, dans le prolongement du chemin de l’Ancienne porte (D8-D9). Le pavillon du garde portier construit en 1901-1902 occupe en partie cet espace.

Photo prise depuis le chemin de l’Ancienne porte: on voit clairement le décalage avec l’entrée actuelle.
Une photo prise rue du repos nous montre au premier plan à gauche la façade extérieure du Pavillon du garde portier, prolongée par le mur du cimetière. La ligne verticale de pierres blondes que l’on voit dans le mur, à droite du pavillon, pourrait-être un vestige de l’ancienne porte cochère.
Les communs proprement dits, rassemblés autour de la basse-cour
Les deux gravures postées juste au dessus sont les seules illustrations permettant de se faire une idée (très imprécise) de l’apparence des bâtiments. Les cartes, elles, nous donnent quelques indications quant à l’évolution des bâtiments au cours du XIXème siècle.

Sur ce plan de 1813, on voit que Brongniart avait décidé de conserver la majorité des bâtiments: la porte cochère, le corps de logis et la maison du jardinier. Source: Plan du cimetière Mont-Louis, Brogniart.

En 1824, les bâtiments ont été réaffectés mais sont toujours là: le corps de logis est devenu le logement du concierge et le logement du jardinier est devenu celui du portier. Source: Giraldon-Bovinet.

En 1855, le corps de logis est devenu le logement du conservateur, qui se voit attribuer sur l’arrière une cour et un jardin. Les deux autres bâtiments ont été détruits. Un logement a été construit pour le concierge, accolé au cimetière Juif. Source: Plan général du Père-Lachaise indiquant l’emplacement de toutes les concessions, Salomon.

En 1885, il ne reste plus aucune trace des bâtiments anciens. La porte cochère a été déplacée, de même que la maison du Conservateur, devenue Bâtiment des gardes (emplacement de la Conservation actuelle). Source: cadastre de 1888, plan levé en 1885.
Le potager
Il faut bien entendu ajouter à cet inventaire le grand potager que l’on trouvait dans la partie basse du domaine, jouxtant les communs. Il est partiellement représenté au premier plan sur la gravure ci-dessous: arbres fruitiers en espaliers et carrés cultivés tirés au cordeau.

Notez la différence de niveau entre le parc et le potager. On accède à ce dernier par un double escalier. Source: Israël Silvestre, 2nde moitié du XVIIème siècle.
Pour se faire une idée très précise de ce à quoi ressemblait le potager du Mont-Louis, il suffit de se rendre au Potager du Roi à Versailles, œuvre du jardinier et agronome Jean-Baptiste de La Quintinie, achevé en 1683.
La partie utilitaire du domaine est séparée de la partie noble du parc par un mur qui s’accompagne d’un dénivelé. Cette frontière entre le noble et le commun, l’ornemental et l’utile, est bien visible sur le plan ci-dessous (1803).

Source: plan du Mont-Louis dressé le 22 Fructidor XI, annexé au procès verbal d’estimation du domaine.
La différence de niveau est encore visible dans la D7, matérialisée par les vestiges du mur du cimetière Juif.

La loi du 14 novembre 1881 fit disparaître les enclos confessionnels et c’est à cette occasion que le mur du cimetière juif fut abattu. La différence de niveau est encore perceptible.
avril 19, 2016
Fascinating, as always. Merci,Marie!
juillet 5, 2018
Félicitations pour Votre travail , Merci