Table des matières
- 1 Jacques Delille, dit l’Abbé Delille (1738-1813)
- 2 André Grétry (1741-1813)
- 3 Marie-Joseph Blaise de Chénier (1764-1811)
- 4 Antoine-François Fourcroy (1755-1809)
- 5 Sophie Cottin (1770-1807)
- 6 Jean-Joseph Mounier (1758-1806)
- 7 Catacombes de la famille de l’Epine (ou de l’Espine)
- 8 Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807)
- 9 Famille Greffulhe
- 10 Étienne-Louis Malus (1775-1812):
- 11 Pierre Laujon (1727-1811)
- 12 Charles-Nicolas-Sigisbert Sonnini de Manoncourt (1751-1812)
- 13 Jacques-Christophe Valmont de Bomare (1731-1807)
- 14 François-Thomas-Marie de Baculard d’Arnaud (1718-1805)
- 15 Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813)
Point de Jim Morrison, d’Oscar Wilde ou d’Édith Piaf alors qui étaient les stars du Père-Lachaise en 1813?
Ce qui nous intéresse aujourd’hui, ce sont les tombes remarquables indiquées sur le plan établi par Alexandre-Théodore Brongiart en 1813. 15 numéros, notés en haut à droite du plan ci-dessus, correspondent à 15 monuments ou groupes de monuments que l’architecte avait jugé dignes d’intérêt. Pour être honnête, je devrais parler de 14 monuments, le 15ème étant la tombe de l’architecte lui-même. Nous y reviendrons.
Sic transit gloria mundi… Peu nombreux sont ceux aujourd’hui capables d’identifier ces personnalités, de citer l’un de leurs titres de gloire, l’une de leurs œuvres, de leurs inventions ou découvertes, voire de localiser certaines tombes sur un plan… La plupart d’entre eux sont bien oubliés et, dans certains cas, les monuments ont même disparu. Voyons ça de plus près.
1 Jacques Delille, dit l’Abbé Delille (1738-1813)
Poète, traducteur de Virgile et de Milton, professeur au Collège de France et membre de l’Académie Française. Considéré comme le plus grand poète de son temps, ses funérailles se firent en grande pompe et une foule immense accompagna sa dépouille jusqu’au Père-Lachaise.
Sa tombe se situe dans le bosquet qui porte son nom, bosquet hérité du temps des Jésuites. Elle est l’œuvre de l’architecte Philippon et est classée monument historique depuis 1983.
La façade visible depuis le bosquet est en fait l’arrière du tombeau. L’entrée, de l’autre côté, fait face au monument de Grétry (voir ci-dessous).
2 André Grétry (1741-1813)
Compositeur liégeois qui prit la nationalité française. Il est surtout connu pour ses opéras-comiques qui ne sont plus guère joués aujourd’hui. Protégé de Marie-Antoinette puis de Napoléon I, il jouit d’une immense popularité en son temps. Un air tiré de son opéra Richard Coeur-de-Lion (1784), intitulé Ô Richard, Ô mon Roy fut un hymne royaliste pendant la Révolution. Dix ans plus tard, il composa une Fête de la Raison…
Il mourut quatre mois après Delille et fut inhumé juste en face, de l’autre côté d’un chemin que l’on devine à peine aujourd’hui puisque le cénotaphe de Vincenzo Bellini occupe à présent cet espace.
Le buste de Grétry, postérieur au monument, est l’œuvre du sculpteur Jean-Jaques Flatters (1786-1845).
3 Marie-Joseph Blaise de Chénier (1764-1811)
Frère d’André, et moins connu aujourd’hui que ce dernier, il n’en fut pas moins poète, dramaturge, pamphlétaire et politicien. Sa tragédie Charles IX, un temps interdite par la censure car dénonçant le fanatisme religieux, connut un immense succès en 1789, portée entre autre par le talent de François-Joseph Talma (inhumé dans la 11ème division).
Victime d’une campagne de calomnie, il fut tenu pour responsable de l’arrestation puis de l’exécution de son frère André en 1794 ce dont il se défendit vigoureusement dans son Épître sur la calomnie (1796).
Il fut membre du Club des Cordeliers et de la Commune de Paris, député de la Convention aux côtés de Danton, et membre du Conseil des Cinq-Cents sous le Directoire.
On se souvient de lui aujourd’hui comme étant l’auteur des paroles du Chant du Départ, sur une musique de Méhul (inhumé dans 11ème division).
Chénier avait à l’origine été inhumé à quelques mètres de Grétry dans la 11ème division, en bordure du chemin disparu évoqué plus haut. Il repose à présent dans la 8ème division.
4 Antoine-François Fourcroy (1755-1809)
Chimiste français, enseignant et homme politique. Ses cours de chimie dispensés au Jardin du Roi lui valurent une grande renommée.
Favorable aux idées de la Révolution, il participa à la rédaction des cahiers de doléance du tiers état. Député de la Convention puis membre du Comité de salut public, il s’intéressa tout particulièrement à l’éducation et fut à l’origine de la création de ce qui est aujourd’hui l’école Polytechnique. Siégeant au Conseil d’Etat en 1799, il œuvra aussi à l’organisation de l’Université impériale voulue par le Premier Consul en 1806.
Il repose dans la 11ème division.
5 Sophie Cottin (1770-1807)
Seule femme de la sélection de Brongniart, elle n’a pas laissé un souvenir impérissable.
Femme de lettres, elle écrivit cinq romans à succès au cours de sa brève existence, relatant souvent la découverte de l’amour (chaste) par une jeune femme. Très oubliées aujourd’hui, ces œuvres furent cependant traduites en plusieurs langue et lui valurent une renommée internationale (ainsi que de figurer sur le premier plan du cimetière).
Sa tombe est à présent anonyme.
6 Jean-Joseph Mounier (1758-1806)
Homme politique français. Une courte biographie ne ferait pas justice à cet homme qui eut un rôle de premier plan durant la Révolution française. Je vous invite donc à lire l’excellent article de Marie-Christine Pénin à son propos. Elle s’interroge d’ailleurs sur le lieu d’inhumation du personnage et j’espère donc pouvoir lui apporter une réponse.
En effet, en cherchant ici et là sur Internet, on peine à localiser la tombe de Mounier, d’abord inhumé au cimetière de Vaugirard. Ainsi Bertrand Beyern indique dans son Guide des tombes d’hommes célèbres de 2008 que son corps fut transféré au cimetière Montmartre après la désaffectation de Vaugirard en 1824.
On peut cependant affirmer qu’il repose bien au Père-Lachaise pour les trois raisons suivantes:
- la tombe porte l’inscription “J.J. Mounier, OB. DIE XXVI JAN. AN. MDCCCVI ET. XLVII” (mort le 26 janvier 1806, à l’âge de 47 ans).
- un “Mounier, du Conseil d’État” figure dans les Registres d’Inhumations du cimetière en date du 8 février 1812, probable date du transfert du corps depuis Vaugirard
- sa présence est indiquée sur un plan dès 1814.
7 Catacombes de la famille de l’Epine (ou de l’Espine)
Monument remarquable de part sa taille et son architecture. Il est creusé dans la colline, ce qui est moins visible aujourd’hui du fait de la présence de murs de soutènement de part et d’autre du tombeau, édifiés à une date ultérieure. Le monument comporte 32 loculi dans l’épaisseur du mur, accessibles par des marches, d’où sa dénomination de catacombes.
A l’origine, le monument était surmonté d’une stèle de marbre noir entourée de grilles, l’enclos étant planté d’arbustes.
Ce tombeau présente aussi une très belle porte de bronze ouvragé.
8 Jean-Frédéric Mestrezat (1760-1807)
Pasteur genevois, il fut l’un des trois premiers pasteurs nommés à Paris par Bonaparte en 1803. Il participa à l’édification de la nouvelle Église Réformée de Paris.
D’abord inhumé à Montmartre, il fut transféré au Père-Lachaise trois mois plus tard. Sa tombe, qui vient d’être restaurée, inaugura ce qui fut longtemps le secteur protestant, sur une butte dans un petit bois de tilleuls. Malgré les reprises, on trouve toujours dans ce lieu un grand nombre de sépultures protestantes, françaises ou étrangères (dont beaucoup de Hollandais). Les deux autres premiers pasteurs à la tête du Consistoire de l’Église Réformée de Paris, Paul-Henri Marron et Jacques-Antoine Rabaut-Pommier, furent aussi enterrés près de Mestrezat dans ce qui est aujourd’hui la 39ème division.
9 Famille Greffulhe
A tout seigneur tout honneur, c’est un monument édifié par Brongniart lui-même qui figure en neuvième position.
Édifié pour le banquier d’origine genevoise Louis Greffulhe, décédé en 1810, cette chapelle néo-gothique fut bâtie sur les plans de Brongniart. C’est donc tout naturellement qu’il l’intégra à son plan du Père-Lachaise, prévoyant qu’une allée y aboutisse, allée qui ne fut jamais tracée.
Ce fut la première chapelle familiale construite au Père-Lachaise, copie en miniature des églises paroissiales où les inhumations étaient interdites depuis un quart de siècle. Elle devint par la suite le modèle des petites chapelles que l’on trouve ici et là dans les cimetières.
Cette tombe se trouve en bordure d’une allée de tilleuls dont le tracé date du XVIIème siècle.
10 Étienne-Louis Malus (1775-1812):
Ingénieur, physicien et mathématicien français, membre de l’Institut d’Egypte et de l’Académie des Sciences. Il est surtout connu pour ses travaux sur la polarisation de la lumière et la Loi de Malus (qui donne l’intensité d’un faisceau lumineux polarisé après transmission par un polariseur), ainsi que pour le théorème selon lequel les surfaces d’onde émises par une source ponctuelle sont orthogonales aux rayons lumineux issus de cette source. (Pour en savoir plus: http://www.photoniques.com/articles/photon/pdf/2015/06/photon201579p20.pdf)
11 Pierre Laujon (1727-1811)
Poète, chansonnier et auteur dramatique, il fut membre de l’Académie française en 1807.
Inhumé dans une concession temporaire de 2m², sa tombe a depuis longtemps disparu. Elle se trouvait dans ce qui est aujourd’hui la 4ème division, à quelques mètres du Monument aux Morts de Bartholomé.
12 Charles-Nicolas-Sigisbert Sonnini de Manoncourt (1751-1812)
Naturaliste, auteur d’une Histoire naturelle en 127 volumes. Il collabora avec André Latreille (inhumé dans la 39ème division) à une Histoire naturelle des Reptiles, avec figures dessinées d’après nature. Grand voyageur, il parcourut en particulier la Grèce, la Turquie et l’Égypte. On lui doit entre autres l’introduction du rutabaga en France. Ses collections ornithologiques se trouvent encore au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
Il fut inhumé sur la même ligne que Laujon, mais tout en bas de la 4ème division, en bordure de l’avenue circulaire, non loin de la tombe de Colette (D4). Sa concession temporaire a elle aussi été reprise.
13 Jacques-Christophe Valmont de Bomare (1731-1807)
Botaniste et naturaliste, il est en quelque sorte le prédécesseur de Sonnini puisqu’on lui doit un Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle en 6 volumes, publié entre 1764 et 1768.
Sa concession temporaire se trouvait le long du mur des Hauziaux, à quelques mètres au dessus de la tombe d’Adélaïde Paillard de Villeneuve. Elle a depuis longtemps été relevée, mais existait encore, anonyme, en 1828 si l’on en croit les guides.
14 François-Thomas-Marie de Baculard d’Arnaud (1718-1805)
Poète et dramaturge, admiré par Voltaire et protégé de Frédéric II de Prusse, il fut aussi l’un des précurseurs du “genre sombre”, c’est à dire du roman noir.
Il reposa quelques années dans une concession temporaire le long du mur des Hauziaux, à quelques mètres de Valmont de Bomare avant de rejoindre son épouse dans une concession à perpétuité, “dans la pièce de l’Orangerie au pied du noyer et en bas du tombeau Ravrio.” Le noyer n’existe plus mais la tombe de Ravrio permet de localiser la tombe de Baculard d’Arnaud dans la 10ème division, en très mauvais état et presque illisible, cachée au milieu des feuillages.
15 Alexandre-Théodore Brongniart (1739-1813)
La présence de la tombe de l’architecte sur un plan dessiné par lui-même est une anomalie. On peut imaginer que c’est son éditeur qui a rajouté son nom au moment de l’édition du plan, un an après sa mort.
La tombe se trouve toujours dans le bosquet Delille et est entretenue par la ville de Paris. C’est d’ailleurs la ville de Paris qui avait octroyé une concession à perpétuité à l’architecte, en reconnaissance des services rendus.
C’est l’architecte Hippolyte Lebas qui conçut ce monument. Au dessus d’une très classique Douleur, un médaillon représente l’œuvre la plus connue de Brongniart: le Palais de la Bourse.
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