Mais pourquoi donc s’intéresser en particulier à la division 22 qui n’est ni la plus riche en célébrités, ni la plus intéressante en terme de monuments, ni la plus pittoresque? Tout simplement parce que, afin de compléter mon article consacré à la citerne, j’ai souhaité essayer de localiser l’ancien réservoir – ou bassin – qui se trouvait justement dans la D22 et dont il ne reste plus aucune trace aujourd’hui si ce n’est le nom de l’un des chemins qui bordent l’actuelle division: le chemin du bassin.
Détail du plan de Verniquet (1790).
La flèche rouge indique l'emplacement de la citerne. Le réservoir est juste au dessous.
Détail du petit clos tel qu'il figure sur le plan du domaine levé en 1803 lors de la vente du domaine.
Le réservoir et la citerne sont clairement représentés, ceints de murs sur trois côtés.
J’ai donc entrepris de comprendre comment la division avait été lotie afin de retrouver, en creux, la trace du fameux réservoir et d’en dater le comblement. Les outils utilisés sont complexes et j’avoue avoir passé beaucoup de temps à en comprendre le fonctionnement. Grâce à la bienveillance de la Conservation, j’ai pu avoir accès à une reproduction de qualité du cadastre de la 22ème division daté de 1888 (ce cadastre est consultable à la Bibliothèque Historique de la ville de Paris mais mes photos personnelles laissaient à désirer), à la Matrice Cadastrale et aux Registres Journaliers d’Inhumation (RJ). Il est impératif de croiser ces sources afin de vérifier des indications données. J’ai eu quelques surprises.
Un exemple parmi d’autre: la concession de la famille Perrée (où repose l’homme politique Louis Perrée, +1851) fut établie en 1822 si j’en crois la Matrice Cadastrale. Cette tombe me posait un réel problème puisqu’elle se situait en plein milieu de l’emplacement pressenti du réservoir, réservoir qui existait encore en 1824. Grâce aux RJ j’ai pu comprendre que la concession avait bien été acquise le 1er février 1822 par Louis Perrée, homonyme du précédent, mais avait été fondée dans ce que l’on appelait alors la pièce de l’Orangerie (vaste secteur qui comprenait les actuelles divisions 8 à 13). Ce n’est que plus tard, après comblement du bassin, qu’elle rejoignit la 22ème division. La concession Perrée n’est qu’un exemple parmi d’autres, montrant la nécessité de croiser les sources afin d’obtenir des informations fiables.
Malgré tout le soin apporté, cet exercice a ses limites puisque le principal outil de travail est un cadastre levé en 1885 et imprimé en 1888. Certaines tombes anciennes ne figurent déjà plus sur le dit cadastre, ayant déjà été reprises, déménagées ou réaffectées. Cependant, si le cadastre ne reflète pas à cent pour cent la réalité des premières années d’exploitation de la division, il fournit suffisamment d’indications pour retrouver la trace du bassin.
Ci-dessous, je vous propose donc un voyage dans le temps, de 1804 à 1824, au cœur de la 22ème division.
Les impatients consulteront directement la fin de l’article pour localiser le bassin. Les autres suivront mon cheminement…
Pour chaque année d’activité de la division, vous trouverez une reproduction du cadastre ainsi que les photos des monuments toujours visibles aujourd’hui, classés par ordre chronologique de fondation de la concession. Vous constaterez qu’il y a quelques beaux restes mais que certains d’entre eux ont été remplacés par des dalles modernes alors que d’autres sont réduits à l’état de ruines.
Cette étude m’a permis de conclure que la division 22 était une division essentiellement bourgeoise, à l’image du cimetière tout entier, d’ailleurs. Comme vous le constaterez en consultant les informations glanées sur ses résidents, elle abrite un grand nombre d’artisans (maîtres boulanger, orfèvre, maçon, etc.), quelques industriels (textile, forges, etc.), deux consuls, plusieurs colons de Saint-Domingue ayant quitté leur île après l’indépendance du pays, une poignée d’aristocrates, deux ou trois esprits éclairés membres de société savantes, etc.
Bonne lecture.
Les premières années, 1804 à 1812
On pourrait apposer une plaque “En ces lieux, il ne se passa strictement rien.” Alors que les secteurs voisins – on ne parle pas encore de divisions – se lotissent peu à peu, la zone qui nous intéresse est restée vierge de toute inhumation pendant les neufs premières années d’existence du cimetière.
Le secteur est délimité par quatre chemins qui correspondent à peu près aux chemins actuels.
Au nord, on trouve un verger. Les RJ nous apprennent que des pommiers y poussent en quantité. Au sud, en contrebas, le bassin, de belle taille, et quelques arbres et arbustes occupent l’essentiel du terrain. La division est de facto coupée en deux et le partage, a peu près équitable, se fait au niveau d’une déclivité parfaitement perceptible encore aujourd’hui. Au moment de l’achat du domaine en 1803, un mur s’élevait encore à cet endroit mais il fut abattu rapidement.
Cette photo montre bien que la partie nord de la division – sur la droite – est sensiblement plus haute que la partie sud.
Les tombes de la partie nord, à droite, tournent le dos à la partie sud. Elles étaient à l’origine adossées à une haie d’arbustes et buissons qui de facto coupait la division en deux.
1813 à 1819: une division qui n’attire pas
Mme Jary, 29 ans, est inhumée dans la partie sud de la division, appelée dans les RJ “secteur de l’ancien bassin” le 7 décembre 1813. La sépulture de 6 m2, plus petite que celle d’aujourd’hui, est érigée dans un bosquet, à l’angle du bassin et tournée vers lui. Marchant de Beaumont écrit en octobre 1820: “Ce monument, placé dans un lieu enfoncé, sous le mystérieux ombrages de branchages surbaissés, présente un abri sous lequel tout invite à la mélancolie.” 1
1813
Louise Catherine Jarry, née Manière, 29 ans
La tombe d'origine portait l'inscription suivante: "Ici sont réunis Jacques Pierre Jarry et Louise-Catherine Manière, / enlevés à la fleur de l'âge à l'amour de leurs enfants. / Ah si nos cœurs pouvaient se faire entendre, / Si nos soupirs ranimaient votre cendre! / Stériles vœux, impuissantes douleurs, / La mort garde sa proie, et nous laisse nos pleurs." Le nom de famille est écrit avec un seul R sur la tombe.
Louise Catherine Jary, née Manière
Décédée à l'âge de 29 ans le 3 décembre 1813
Aucune autre tombe ne sera construite dans la partie sud du secteur avant 1821. Peut-être la contemplation du réservoir ruiné n’inspire-t-elle pas “à certaines âmes des sentiments religieux sans terreur, et à toutes le respect, le recueillement sans tristesse, et enfin une sorte de charme mélancolique, […]”? 2
Cependant, le 1er septembre 1814, John Richardson, négociant londonien, inaugure la partie nord du secteur. Il est inhumé “dans la pièce des pommiers, sous un prunier.”
1814
John Richardson, 41 ans
"To the memory of / John Richardson aged 41 / Died 30 Augustus 1814 / Sincerely and deservedly regretted / Aux mânes / d'honorable homme / Mr John Richardson / négociant de Londres / décédé le 30 août 1814 / à l'âge de 41 ans. / Sa vie privée / et la douceur de ses mœurs / lui ont mérité les regrets / de la dame son épouse / de sa famille et de tous ses amis."
Deux tombes sont érigées au cours de l’année 1817. La première est celle de Mme Legueule, en juillet 1817. Quelques jours plus tard, “entre deux pommiers”, est érigée la tombe d’Étienne de Bourgevin Vialard, comte de Saint-Morys, mort en duel. La partie nord de la division sera désormais appelée “secteur Saint-Morys.”
1817
Louise Catherine Legueule, 19 ans
A l'origine, une borne antique était ornée d'un médaillon où étaient placées des fleurs d'orangers: "Vous l'ornâtes pendant sa vie, parez aussi son tombeau. / Ici repose, dans l'espérance de la résurrection, Louise Caroline Legueule, née le 19 mars 1798, décédée à Paris le 7 juillet 1817. / Semblable à la fleur jolie, / Elle en eut l'éclat, le destin; / Le ciel avait borné sa vie / au court espace d'un matin."
Étienne Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys, 45 ans
Décédé le 21 juillet 1817. Sur la tombe, on peut lire quelques vers en anglais, œuvre du poète écossais, James Thomson.
Étienne Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys, 45 ans
Saint-Morys était collectionneur d'art. Les reliefs figurant à l'avant et à l'arrière du tombeau proviendraient de monuments plus anciens.
Étienne Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys, 45 ans
Détail du bas relief arrière. La partie centrale, où figurent les armoiries du comte, semble être une pièce rapportée.
Étienne Bourgevin Vialart, comte de Saint-Morys
Le monument en 1821
1818
Jean-Baptiste Pierre Couturat, 26 ans, et Marguerite Amélie Aumont, née Couturat, 22 ans
Deux bornes antiques portaient à l'origine les inscriptions suivantes: "Ici repose le corps de Jean-Baptiste-Pierre Coutura (sic!), âgé de 22 ans, décédé le 20 août 1817." et "Ici repose le corps de demoiselle Amélie-Marie Coutura (sic!), épouse de M Pierre Aumont, âgée de 26 ans, décédée le 23 janvier 1818."
Jean-Baptiste Pierre Couturat, 26 ans, et Marguerite Amélie Aumont, née Couturat, 22 ans
Tous deux furent inhumés le même jour dans la présente concession le 22 juillet 1818.
Henri-Nicolas Emmery, 24 ans
"Henri-Nicolas Emmery, substitut du procureur du roi à Paris. Ornement de la magistrature, consolation de la religion, père des pauvres, le plus pieux des fils, le bonheur de sa mère, le plus tendre des frères, le plus dévoué comme le plus sage des amis, tout a disparu sous cette tombe; il avait à peine 24 ans. 22 août 1818."
Henri-Nicolas Emmery, 24 ans
L'arrière du monument porte une longue inscription, presque illisible aujourd'hui:
"Henri-Nicolas Emmery, né à Calais le 15 juillet 1784. Il a dû l'altération de sa santé à un cœur trop aimant, à une ardeur pour le bien qui passait ses forces. Déchiré par les peines successives de plusieurs années, et par la mort, en moins d'un an, de son respectable père et d'un frère chéri, il a laissé sur cette terre, le 22 août 1818, son dernier frère et sa malheureuse mère qui le pleurera éternellement."
Étienne Sady Recullé de Morenval, 20 ans
A l'origine le monument portait l'inscription suivante: "Ci-gît Étienne Sady Recullé de Morenval, enlevé à la tendresse de ses parents et à l'affection de ses nombreux amis, à l'âge de 20 ans 7 mois, le 23 août 1818."
1819
Marie Louise Richard de Marigné, 15 jours
"Marie Louise Richard de Marignée, née le 1er août 1819, décédée le 16 août même année. Elle laisse ses parents bien malheureux."
Louis Gaulthier, dit l'abbé Gaulthier, 72 ans
Précurseur de l'école mutuelle.
D'abord enterré dans une concession temporaire, son corps ne fut inhumé dans la D22 qu'un an plus tard.
Tombe de Louis Gaulthier, dit l'abbé Gaulthier, 72 ans
"Aloysius-Edouard-Camille Gaulthier, né le 29 août 1746, décédé le 19 septembre 1818. Trois cents enfants l'ont pleuré sur cette tombe le 21 septembre 1819."
1820 à 1822: les années fastes
En l’espace de trois ans, l’essentiel du secteur nord de la division va se lotir
1820
Joséphine-Louise-Sophie-Constance de Lupé (1817) et Anne-Pierre-Jeanne d'Hugues de Cesselés, comtesse de Lupé (1820)
Concession établie en 1820 par une mère éplorée pour sa fille morte en 1817 (d'abord inhumée dans une concession temporaire). La mère rejoint la fille la même année, "précipit[ée] dans la tombe" par la mort de celle-ci.
Marie Antoinette Renault, née Masson, 31 ans
"Marie-Antoinette Masson, née le 21 juin 1788, mariée à A.J. Renault le 3 décembre 1808, décédée le 7 mars 1820."
Marie Jean Herculin Chastenet de Puységur, 65 ans
On pouvait autrefois lire sur la stèle: "Ici repose la dépouille de Marie-Jean-Hercule Chastenet, comte de Puységur, lieutenant-général des armées du roi, capitaine des gardes-du-corps de Monsieur, gouverneur de la 9ème division militaire, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis et de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, né à Rabastens le 24 juillet 1754. Sujet fidèle, serviteur éprouvé, il ne connut que son devoir et l'honneur. Il mourut au château des Tuileries le 15 mars 1820, regretté de ses parents et de ses amis. Requiescat in pace."
Ambroise Marie François Joseph Palisot de Beauvois, 68 ans
"Ambroise Marie François Joseph Palisot, baron de Beauvois, membre de l'Institut de France, de la Société royale académique des sciences, et de plusieurs sociétés savantes et étrangères, conseiller titulaire de l'université, chevalier de la légion d'honneur, lt. gal. de l'O.*. du T.*., décédé à Paris le 21 janvier 1820. Il fut l'un des plus célèbres naturalistes de son siècle et l'ami le plus fidèle."
Pierre Boigues, 65 ans
Financier, à l'origine de la création des forges de Fourchambault (Nièvre).
Pierre Boigues, 65 ans
L'année d'achat de la concession est visible au dos.
Pierre Bernard Chipon, 72 ans
Pierre Bernard Chipon, 72 ans
"Pierre Bernard Chipon, décédé à Paris le 12 mai 1820"
Victoire-Claude Morizet, née Delaunay, 24 ans
Épitaphe disparue: "Ici repose le corps de mademoiselle Victoire-Claude, épouse de M. Amable Morizet, pharmacien, décédée le 12 avril 1820, âgée de 24 ans. -Ô mon épouse! ô ma précieuse amie! j'entends ta voix s'élever vers J.C., le sauveur du monde, et s'exprimer en ces termes: "Saintes douleurs du ciel, adorables idées, / Vous remplissez un cœur qui peut vous recevoir. / De vos sacrés attraits, les âmes possédées, / Ne conservent plus rien qui puisse les émouvoir."
Agnès Émilie Levasseur, née Fariau, 27 ans
A présent anonyme, le monument portait l'épitaphe suivante: "Agnès-Émilie Fariau, épouse de M. Levasseur, commissaire priseur à Paris, décédée à l'âge de 27 ans." Inhumée le 6 juin 1820.
Jean Toussaint Gaudron-Ducoudrai, 72 ans
"Gaudron Ducoudray, décédé le 11 juin 1820, à l'âge de soixante-douze ans." Habitait rue de la Verrerie, n°16.
Claude-François Le Duc Survilliers, 38 ans
"Ici repose / M Claude- François / Le Duc Survilliers / écuyer / décédé à Paris / le 20 août 1820."
Jacques-François Favre, 71 ans
Le monument récent a remplacé un monument plus modeste où il été écrit: "Jean-François Favre, ancien curé de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, décédé le 22 novembre 1820, curé de la paroisse de Saint-Laurent."
Jacques François Favre, 71 ans
Seul le numéro inscrit au dos de la concession permet son identification.
Marie de Vilarson, née Videloup, 27 ans
La chapelle est postérieure à l'achat de la concession.
Jean-Baptiste Potot, 67 ans
Il ne reste plus grand chose de la stèle. Elle portait l'inscription suivante: "Ici repose Jean-Baptiste Potot, de l'académie de Lyon, né le 20 octobre 1751, décédé à Paris le 13 juin 1819."
Mme Schlosser, née Gontard, 30 ans
Johanna Helena Schlosser, née Gontard, 30 ans
"Johanna Helena Schlosser / geb. Gontard, / geb zu Frankfurt, den 29 may 1790 / gestorben Paris den 4 November 1820. -Sie freute sich mutter zu verden, / und Gott werklate sic."
Jacques Léon Robillard de Magnanville, 6 ans
On pouvait lire sur le monument d'origine: "Ici repose Jacques-Léon de Robillard, né le 6 décembre 1814, décédé le 1er décembre 1820." Sans doute le fils du Baron Jacques Florent de Magnanville, régent de la banque de France.
Anna Read, 63 ans
Sacred / to the / memory of Mrs Anna / Read / who died at (sic!) / Paris / dec. 14th 1820 / aged 63
1821
Pierre Joseph Verdavainne, 67 ans
Pierre Joseph Verdavainne, 67 ans
La tombe d'origine portait l'inscription: "Pierre Joseph Verdavainne, né à Valenciennes le 5 mai 1783, décédé à Paris le 1er janvier 1821. Henriette Palmyre Boher, sa veuve, a fait élever ce monument à sa mémoire."
Pierre François Joseph Gense, 67 ans
Pierre François Joseph Gense, 67 ans
Martin Vallet, 89 ans
A l'origine, Martin Vallet était inhumé sous une croix de bois portant l’inscription "Ici repose Martin Vallet, décédé le 11 avril 1821" Sa femme, d'abord inhumé dans une concession temporaire, vint le rejoindre en juin de la même année "Ici repose Marie-Anne Lebastier, femme Vallet, décédé le 28 octobre 1819."
Marie Jeanne Gabrielle Watripon, épouse Dominé, 50 ans
Décédée le 10 mars 1821, d'abord inhumée dans une concession temporaire. Épouse de Jean-Baptiste Dominé , maître de forges à Morvillars (Territoire de Belfort). Celui-ci repose dans la même sépulture.
Marie-Magdeleine Cousin, née Chatelain, 77 ans
A l'origine, un obélisque ornait le tombeau
Marie-Magdeleine Cousin, née Chatelain, 77 ans
Épitaphe d'origine: "Marie-Magdeleine Chatelain, épouse de M Urbain Cousin, née en 1744, le 13 février, décédée le 6 avril 1821. -Elle fut bonne épouse et bonne mère. Elle s'endormit du sommeil des justes, emportant les regrets de ses enfants et de sa famille. Priez Dieu pour le repose de son âme."
Anne-Sophie Vaquez, née Ibled, 22 ans
A cette époque, le monument était composé d'une colonne surmontée d'un globe. Le réservoir se trouvait juste derrière.
Louis Joseph Lacher, 32 ans
Inhumé au cimetière Montmartre en 1812. Maître boulanger rue Saint-Martin, n°160. Sur une borne antique, on pouvait lire: "Ici repose Louis-Joseph Lacher, né le 5 décembre 1780, décédé le 12 mars 1812, dans sa 32ème année, époux de Dame Louise-Adélaïde Contour, et père de cinq enfants en bas âge. -Il fut tendre époux et bon père, laborieux, ami sincère et zélé ; il laisse à son épouse, à ses enfants, à ses amis inconsolables, le souvenir de ses vertus. -Passants, une larme de l'homme sensible honore la mémoire de l'homme de bien. Priez Dieu pour le repos de son âme."
William Waddington, 67 ans
Le monument portait l'épitaphe suivante: "Ici repose William Waddington, anglais, propriétaire de la filature de Saint-Rémy-sur-Avre, département d'Eure-et-Loir, décédé à Paris le 15 février 1818, à l'âge de soixante-sept ans."
William Waddington, 67 ans
Marchand et banquier londonien, propriétaire depuis 1814 de prospères filatures de coton établies en Eure-et-Loir. Il meurt inopinément lors d'un voyage à Paris en février 1818. Il est d'abord inhumé dans une concession temporaire avant d'être transféré dans la D22 en 1821. Il était le grand-père de William Henry Waddington, président du Conseil (inhumé dans la 16ème division).
François Joseph Gratet, vicomte du Bouchage, 82 ans
"Ci gît de Gratet, vicomte Dubouchage, pair de France, ministre d'état, du conseil privé du Roi, lieutenant-général de ses armées, grand'croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, chevalier de Malte, né à Grenoble, décédé le 12 avril 1821, à quatre-vingt-deux ans onze jour. -In Pace."
Sur l'autre face: "Ministre de la marine en 1792, il assista Louis XVI et sa famille au 10 août. Le roi le rappela au ministère le 28 septembre 1815. - Fortem et tenacem propositi virum."
Pierre-Victor Millet, 80 ans
"Ici repose / Pierre-Victor Millet / décédé à Paris le 24 mai 1821, / âgé de 80 ans, / justement regretté de ses amis."
Louise-Françoise-Simone Grassot, née Perrot, 57 ans
D'abord inhumée dans un concession temporaire.
Louise-Françoise-Simone Grassot, née Perrot, 57 ans
Épitaphe aujourd’hui en partie illisible: "Ici repose Louise-Françoise-Simone Perrot, née à Paris le 13 mai 1759, épouse de Joseph-Charles Grassot, décédée rue des Ménétriers, n°15, le 30 novembre 1816."
Concession de M et Mme Fariau, acquise en août 1821.
La première inhumation n'aura lieu qu'une dizaine d'années plus tard.
François Billiot, 92 ans
D'abord inhumé le 4 février 1821 dans une concession temporaire dans la pièce de Mme Feuillant. "François Billiot, né à Tournus (Saône-et-Loire), le 11 novembre 1748, décédé à Paris le 3 février 1841. - Les fonctions de consul de France qu'il remplit dans les ports de la Prusse et de la Russie, absorbèrent quarante ans de sa vie, honorablement employés au service de sa patrie.- Son épouse et ses enfants consacrent à sa mémoire ce monument de leurs regrets."
Pierre Laurent Féron, 57 ans
Le médaillon que l'on voit sur le monument central était destiné à recevoir des fleurs d'oranger.
Pierre Laurent Féron, 57 ans
"A / la mémoire / de Pierre Laurent Feron / né à Sentelle diocèse d'Amiens, / le 10 août 1764, / et décédé à Paris le 11 août 1821 / sa veuve inconsolable."
Marianne Féron, 20 ans
La fille du couple, Marianne, décédée en 1810, avait d'abord été enterrée au cimetière Sainte-Catherine, aujourd'hui disparu
Pierre-Louis de Mazière de Saint-Marcel, 69 ans
L'obélisque d'origine portait l'inscription suivante: "Ici repose Pierre-Louis de Mazière de Saint-Marcel, consul général de France aux Echelles-du-Levant, né à Vienne en Dauphiné, décédé à Paris le 11 septembre 1821, âgé de 69 ans. A sa mémoire, par Mme de Castinel sa fille."
Pierre Charles Ganier, 49 ans
Pierre Charles Ganier, 49 ans
"Ici repose / Pierre-Charles / Ganier, / marchand boulanger rue des Arcis n°35, / né à Loudun / département de la Vienne / décédé le 18 mai 1817 / à l'âge de 49 ans. / Il fut bon père, bon époux, ami sincère. Il emporte l'estime et les regrets de son épouse, de ses enfants, de sa famille, et de tous ceux qui l'ont connu." Exhumé d'une concession temporaire.
Nicolas Prieur, 63 ans
Épitaphe disparue: "Ici repose les dépouilles (sic!) de Nicolas Prieur, né à Mally, département de l'Aube, le 2 novembre 1758, et décédé à Paris le 20 septembre 1821. -Il fut le modèle des époux, le plus tendre des pères, et le meilleur des amis; il s'endormit dans le Seigneur en emportant les regrets de son épouse, de ses enfants, et de toutes les personnes qui le connurent. Ce faible monument fut érigé à sa mémoire pour perpétuer à jamais le souvenir de ses vertus et de sa simplicité. Passants, qui visitez ce dernier asile, donnez une larme à sa mémoire, et priez pour lui."
Pierre Gauché, 65 ans
D'abord inhumé dans une concession temporaire. "Ici repose Pierre Gauché, propriétaire, né le 16 novembre 1765, décédé le 7 février 1821. Bon époux, bon père, tant regretté de tous ceux qui l'ont connu! Priez pour lui."
Jacques Augustin Rénouard, 70 ans
"Ici repose / Jacques Augustin Renouard / fabricant d'étoffes de soie, / né à Guise le XXVIII août 1736, / décédé à Paris le XV septembre 1806. / Il sut par son génie / élever au plus haut point de prospérité / un genre de fabrication / avant lui presque nul."
"Il rendit l’étranger tributaire de son industrie, et par sa bienfaisance, mérita le nom de père de ses ouvriers."
Jacques Augustin Renouard
Illustration par C.P. Arnaud en 1817. Jacques Augustin avait été inhumé dans une concession temporaire en 1806. Son corps ainsi que le monument furent transféré à l'emplacement actuel après achat de la concession en 1821.
Edme-Marie-Louise Eudot, 2 ans
"Ici repose le corps de Edme-Marie-Louise Eudot, née le 15 novembre 1818, décédée le 10 août 1821. Moissonnée dans l'âge le plus tendre comme la fleur qui vient d'éclore, que de larmes ta mort nous a fait verser! A ta mémoire que de larmes encore!" L'inscription est aujourd'hui illisible.
Marie Louise Cécile Lemaire, née Champagne, 59 ans
Marie Louise Cécile Lemaire, née Champagne, 59 ans
Le numéro de registre gravé sur la tombe permet de l'identifier.
Maria de Villamil, âge inconnu (enfant?)
D'abord inhumée dans une concession temporaire.
Repose sans doute dans ce même tombeau Felipe Martín de Villamil (son père?), négociant et frère de José de Villamil, l'un des pères de l'indépendance de l’Équateur.
Ursule Débarbouiller, née Breton, 59 ans
D'abord inhumée dans une concession temporaire.
Marie Victoire Rouget, née Juilliout (ou Guilliout), 28 ans
Épitaphe aujourd'hui disparue: "Ici repose Marie-Victoire Juilliout, épouse de J.J.V. Rouget, plombier, rue Aumaire, n°55, décédée le 16 octobre 1814, âgée de vingt-huit ans. Elle expira après avoir souffert trois années, et donna le jour à un fils qui ne vécut que vingt-quatre heures. Elle fut bonne épouse, bonne amie, tendre mère, aimant Dieu ; elle mourut comme elle vécut, laissant de précieux souvenirs à celui qu'elle adorait et qui ne pourra l'oublier que lorsque la mort aura frappé le second coup. Que la volonté de Dieu soit faite, ainsi soit-il." D'abord inhumée dans une concession temporaire.
Marie Victoire Rouget, née Juilliout (ou Guilliout), 28 ans
Marie Victoire Rouget, née Juilliout (ou Guilliout), 28 ans
Le numéro de registre figure à l'arrière de la tombe.
Germain-Claude d'Herbécourt, 74 ans
Avocat et conseiller du Roi, habitait rue Montmartre
Jean Bernard Greyveldinger, 88 ans
D'abord inhumé dans une concession temporaire.
Louis Barthélémy Guérin, 41 ans
Louis Barthélémy Guérin avait d'abord été inhumé dans une concession à perpétuité proche de la chapelle Greffulhe.
Louis Barthélémy Guérin, 41 ans
La stèle a basculé sur la tombe qui se trouve juste derrière.
Mathilde, 4 ans, et Léon Martin Jubelin, 8 mois
Inhumés le même jour. Léon Martin avait d'abord été inhumé dans une sépulture temporaire.
Concession identifiable uniquement grâce au numéro de registre gravé sur la tombe.
Jean-Jacques Maury, 78 ans
Curé de Saint-Brice-sous-Forêt (Val d'Oise), frère de Jean-Siffrein Maury, archevêque de Paris et académicien Français.
1822
Catherine Rosalie François, âge inconnu
D'abord inhumée dans la pièce du noyer, puis dans la pièce de l'orangerie en 1818 avant d'être transférée ici en mars 1822
Marie Gabrielle Delphine Albert, 16 ans
Marie Gabrielle Delphine Albert, 16 ans
Marie-Elisabeth Claveau, née Gauthier, 42 ans
Marie-Elisabeth Claveau, née Gauthier, 42 ans
Louis Baron Desfontaines, 64 ans
Louis Baron Desfontaines (1758-1822) était le propriétaire du Mont-Louis. C'est lui qui le vendit à la ville de Paris en 1803. Il a donc le privilège d'être enterré dans ce qui fut autrefois son jardin. L'épitaphe est illisible mais on en trouve une transcription dans le Salomon: "Néant des choses humaines.
Louis Baron-Destontaines, ancien conseiller au Châtelet de Paris et ancien propriétaire du vaste domaine du Père-Lachaise, où il passa sa jeunesse,
N’occupe, dans ce même lieu, que la place de sa tombe. Il est décédé le 29 mars 1822, à l’âge de 64 ans."
Louis Baron Desfontaines, 64 ans
Françoise Geneviève Déchaux, née Dubreuil, 66 ans
Françoise Geneviève Déchaux, née Dubreuil, 66 ans
Jean-Charles Mousset, 55 ans
L'épitaphe est difficilement lisible
Étienne Retois, 45 ans
Marie-Françoise Dismal, 21 ans
Concession transférée en 1899 à son emplacement actuel. Elle se trouvait à l'origine dans la même division, à droite de Saint-Morys. Le monument doit dater du transfert.
Marie Françoise Dismal, 21 ans
Pierre Ané, 82 ans
Tombe ruinée
Pierre Ané, 82 ans
L'épitaphe est malheureusement illisible.
Jules François Charles Nicod, 14 ans
Jean Rigalleau, âge inconnu
Transféré depuis le cimetière de Vincennes
Angélique Marguerite Giroux, Femme Debray, 46 ans
Le monument date du début XXème, sans doute à l'occasion de l'inhumation d'Irma Crosnier, comédienne.
Angélique Marguerite Giroux, Femme Debray, 46 ans
Le numéro de registre atteste de l’ancienneté de la concession.
François Corby, 67 ans
Maître orfèvre. D'abord inhumé dans une concession temporaire le 14 août 1818.
François Corby, 67 ans
François Corby, 67 ans
Émile-Nicolas Crosnier, 10 mois
Émile-Nicolas Crosnier, 10 mois
Napoléon Leroy, 16 ans
Ruinée
Napoléon Leroy, 16 ans
Jean Simon Loiseau, 46 ans
Jurisconsulte. Seul le monument au premier plan existait en 1822.
1823 à 1824: le rythme des inhumations ralenti
La partie nord est déjà bien remplie. En toute logique, les inhumations se font plus rares, faute de place.
1823
Marie Marguerite Joséphine Emma Debreuil, 1 ans
Marie Marguerite Joséphine Emma Debreuil fut inhumée dans cette division en 1823.
Cependant, la concession fut agrandie en janvier 1824 afin de réunir en un même caveau divers membres de la famille.
Marie Marguerite Joséphine Emma Debreuil, 1 ans
Dans le même tombeau repose à présent François Périer qui avait été inhumé à un autre endroit de la division en 1817 avant d'être inhumé dans le présent caveau en 1823. Son premier tombeau, sur le haut de la déclivité et tournant le dos au bassin, portait l'inscription suivante: "François-Firmin Périer, membre du comité des colons notables de Saint-Domingue, né à Marseille de 2 avril 1738 (sic!), et décédé à Paris le 30 novembre 1817, à l'âge de près de quatre-vingts ans. -O vous! qui passez près de cette tombe, plaignez une grande famille profondément affligée, et priez avec elle pour celui qui fut toujours un exemple de vertu."
Blaise Sauvan, 68 ans
Blaise Sauvan, 68 ans
Blaise Sauvan, 68 ans
Négotiant à Rot(terdam?), d'abord inhumé dans une concession temporaire.
Nicolas Brullon, 60 ans
D'abord inhumé dans une concession temporaire.
Jean Gilles Nicolas Morel, 66 ans
D'abord inhumé le 18 décembre 1818 dans une concession temporaire.
Jean Gilles Nicolas Morel, 66 ans
Marie-Louise de Malézieu, née Reynard de Bussy, 45 ans
1824
Eléonore Elisabeth Angélique Vialart de Saint-Morys, née de Beauterne, 83 ans
Mère du comte de Saint-Morys, lui-même inhumé à quelques mètres.
Eléonore Elisabeth Angélique Vialart de Saint-Morys, née de Beauterne, 83 ans
Détail de l'inscription, bien préservée grâce à l'arbre mais difficile d'accès pour la même raison.
Laurent Jean Dubray, 64 ans
D'abord inhumé dans une concession temporaire. La tombe est de facture moderne.
Claude Antoine Gerboud, 41 ans
Très ruinée
Claude Antoine Gerboud, 41 ans
Les stèles ont basculé en arrière mais ont été replacées à la verticale.
Claude Antoine Gerboud, 41 ans
Jean Vincent Dudoit, 70 ans
Jean Vincent Dudoit, 70 ans
Entrepreneur de maçonnerie.
Localisation du réservoir
La littérature consacrée au Père-Lachaise en 1824 ainsi que les plans en notre possession permettent de conclure que le bassin, à sec depuis bien longtemps, existe encore à cette époque là. Sa présence dans le secteur sud de la division est signalée par l’absence de sépultures: sur le cadastre de 1824, publié un peu plus haut, on note un grand espace vide. Les tombes Jary, Loiseau, Nicod le bordent à l’est et la sépulture Ibled est installée sur son bord sud.
La taille exacte du bassin nous est inconnue mais, si l’on en croit le plan du domaine joint à l’acte de vente du Mont-Louis en 1803, il aurait pu mesurer approximativement 20 mètres sur 30.
La projection suivante est donc rendue possible:
La source, figurée par une étoile, se trouvait vraisemblablement derrière la tombe Loiseau. En 1803, elle était pratiquement tarie mais alimentait encore une sorte de petite marre pleine de roseaux. Je n’ai trouvé que de rares mentions de cette source dans les différents conducteurs et guides publiés au début du XIXème siècle. Marchant de Beaumont nous apprend cependant qu’elle s’appelait la Fidèle et qu’elle “rafraichissait” encore le pied des “arbres séculaires” du bosquet Clary en 1821. 3
On voit sur le plan qu’il restait en 1824 la trace d’un chemin qui longeait le bassin au nord, bordé de verdure.
Le bassin fut comblé au cours de l’hiver 1825-1826 et son lotissement commença dès le mois de janvier 1826. En toute logique, les murs de maçonnerie de même que le fond du bassin, lui aussi maçonné, furent démolis pour laisser places aux nouvelles sépultures. Il n’en reste aucun témoignage.
Glad to see the new post — and what an article! Reading this after you gave me the tour around the old reservoir and the first graves brought everything into perspective. Brava!
Superbe travail qui devrait trouver place dans les références incontournables du PL autant auprès des amateurs éclairés que de l’administration patrimoniale du cimetière. Utilité évidente, rigueur, précision et concision…Encore bravo.
Je suis admiratif devant cette quête de vérité, cette abnégation, cette humilité. De humus, la terre, celle vers laquelle nous sommes tous appelés à retourner. Cette recherche est digne des principes de Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée. Et, heureusement, tout se transforme.
e_
octobre 17, 2016
Glad to see the new post — and what an article! Reading this after you gave me the tour around the old reservoir and the first graves brought everything into perspective. Brava!
octobre 17, 2016
Superbe travail
octobre 19, 2016
Superbe travail qui devrait trouver place dans les références incontournables du PL autant auprès des amateurs éclairés que de l’administration patrimoniale du cimetière. Utilité évidente, rigueur, précision et concision…Encore bravo.
octobre 31, 2016
Quel Travail ! félicitation !
mars 6, 2018
Je suis admiratif devant cette quête de vérité, cette abnégation, cette humilité. De humus, la terre, celle vers laquelle nous sommes tous appelés à retourner. Cette recherche est digne des principes de Lavoisier : rien ne se perd, rien ne se crée. Et, heureusement, tout se transforme.
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